Joris Iven |
BIJOUX
Lorsque je regarde dans la glace, je regarde dans les yeux de mes filles. Mes filles ressemblent à la femme qui les a portées. Tout comme elle elles aiment le noir. Et les longues robes et les bijoux. Elles ont les mains de leur mère. Je ne vois plus mes filles, or me rappelle que nous nous reconnaissions dans nos histoires. La honte des rougeurs, l’effroi des sueurs froides. Nous étions modestes en ce que nous taisions mutuellement. Mes filles parlent une langue que leur nouveau père leur a enseignée. Elles posent d’autres accents. Or elles portent encore les bagues, colliers et bracelets qu’elles ont reçus de ma mère. Je me rappelle de mes filles le silence et les embrassades. La honte lors du départ, l’effroi lors des adieux. Mes filles ont mes mains. Elles se meuvent comme je me meus. Qui me dit que je n’étais pas heureux ce matin? Dans les heures matinales mes filles m’ont longtemps dévisagé. Et nous avons échangé des secrets, comme autrefois des petits paquets sous l’arbre de Noël. Comme autrefois.
Traduction : Bernard de Coen
· Essays · Toneel |